Tante Eliane (suite)

Ces deux hommes eurent toujours une conduite admirable, leur amour mutuel et fraternel n’en pâtit pas ; associés dans la même affaire commerciale, les orages des épouses glissaient sur eux comme la pluie sur les feuilles.

  Malheureusement, les mères respectives n’avaient pas un amour fraternel assez développé pour  ne pas prendre part au conflit,  ou, ce qui aurait été préférable, sembler l’ignore, cela aurait contribué au moins à tempérer la fougue belliqueuse d’Eliane qui contaminait tous ses proches.

 

Toute la famille respira quand un quinquagénaire proposa de lui trouver une habitation près de chez lui .Il faut dire que ce fils aîné de l’ancien jeune ménage évoqué plus haut avait toujours été le préféré d’Eliane. Personne ne trouvait grâce à ses yeux. A-t-elle eu un amour déçu, comme elle semble le faire supposer, on ne le saura jamais.

 Une telle personnalité ne pouvait faire que des ravages, volontairement ou non, je serais tentée de dire, que poussée par je ne sais quel feu la dévorant, elle jugeait impitoyablement ses congénères et le leur faisait savoir violemment.

  Pauvre petite fiancée de son frérot préféré tombée dans cette arène, où régnait une tigresse.

 Un déluge de flèches déferla sur elle pendant des années, l’amour de son ménage aurait pu en être amoindri .Il en souffrit certainement beaucoup .Les délicieux beaux-parents, adoucirent le climat.

 Notre pauvre Eliane persévéra toute sa vie sur sa lancée.

 Finalement, après la mort de ses parents il ne lui resta sous la dent que son frère aîné, célibataire lui aussi, ce fut un couple insolite, l’une molestant l’autre, qui insensible, restait  droit sous les averses.

 Le duo cocasse continua quelque temps l’affaire commerciale, mais rattrapés par l’âge, ils durent abandonner. C’est alors qu’ils décidèrent de se retirer à la campagne.