mardi 18 décembre 2018

L'enfant du bal (un de mes contes publiés dans le C.M


    Petite , menue , la vieille demoiselle est arrivée à Saint Nicolas sur les conseils des uns et des autres, après des démarches diverses , mais , surtout, à son avis parce que prise au piège du grand âge .
Des dizaines d'années au service des enfants des classes primaires ont défilé dans sa vie sans qu'elle les vit passer. De loin , apercevant une de ses "anciennes" devenue mère de famille , ou même grand mère, elle s'exclame : se peut-il?
  A^près avoir habité pendant environ  deux ans avec son frère , dans la maison construite par celui-ci pour leur retraite à tous les deux , elle s'est retrouvée seule .Presque sans pré-avis , son cadet avait pris , bien malgré lui, le chemin d'un monde meilleur .
  Affectée , mais solide encore , Mademoiselle Hamel ne s'était pas laissé abattre.
Après plusieurs hivers de solitude , on la persuada de prendre un logement en ville .Elle refusait catégoriquement l'entée en maison de retraite.
  Alors , ayant réalisé le petit avoir l"gué par son frère , elle sollicita, dans une H L M  un rez de chaussée prévu pour une personne âgée.


C'est ainsi qu'elle obtint de s'installer dans un deux pièces donnant de plain pied sur ce qu'il est convenu d'appeler "un espace vert" .
Or, écrasée à longueur de temps par une multitude de jeunes pieds , et souvent jonchée d'objets de toute sorte , cette intention de pelouse se réalise difficilement .

  La vue des enfants , agglutinés sur ces quelques mètres carrés lui serre le cœur .

Un Mercredi , pour soigner un bobo , elle ouvre sa porte .La mère du "blessé" vient la remercier plus tard et lui confie le peu de goût de son petit garçon pour l'école. Il est entendu aussitôt , que le soir , en rentrant de classe, Boris , tel est son prénom , viendra faire son travaol chez la vielle demoiselle .
  Très vite , le bruit s'en répand dans l'immeuble ,et , suivant leurs besoins , les CE2, CM1,CM2 , descendent au rez -de-chaussée , avec leurs problèmes ,ou leurs exercices de grammaire .

  Pour Mademoiselle Hamel, c'est un regain de jeunesse . Mais, on ne dit plus Mlle Hamel , on dit: Tantonnie", condensé de Tante Léonie, à l'exemple des écoliers .

  Quand les devoirs sont faits , les leçons apprises , les élèves  s'attardent chez elle, assis par terre ou autour de la table .
Elle raconte son enfance, ses études , sa toute première classe , après l'obtention de son brevet supérieur .

  Un univers insoupçonné surgit à la description des écoles de campagne , avec les tabliers noirs, l'encre violette fabriquée au fur et à mesure des besoins, la soupe chaude fournie le midi , servie dans des écuelles dont , seul , l'intérieur était verni , et que l'on dévorait assis , le récipient posé sur les genoux . Le reste du repas était apporté par chacun , dans un petit panier , dont le poids s'ajoutait à celui du cartable ?

 Beaucoup d'écoliers parcouraient plusieurs kilomètres pour venir au bourg. Les innombrables petits chemins reliaient entre elles toutes les fermes .On s'en retournait dans la nuit , les soirs d'hiver , comme on était venu le matin .
Mademoiselle Hamel parle des parties de barres , épervier .Les enfants écoutent passionnément , car elle sait les intéresser .Cela a été son métier , à elle , de susciter la curiosité et l'attention d'une vingtaine de jeunes têtes tournées vers elle .
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                                                                *           *                                 ( à suivre)

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