jeudi 28 novembre 2013

L'ardoise de Magdelaine






L'histoire, telle qu'on me l'a contée, se passe sous la Terreur... Il fait froid en ce soir de novembre, et la nuit tombe vite en forêt de Concise.

Magdeleine, dans sa petite maison, attend son mari et regarde l'obscurité s'installer comme un manteau protecteur. En effet, les Bleus qui n'aiment déjà pas ce pays de bocage, redoutent encore plus de s'y aventurer après le coucher du soleil. Les chemins creux qui relient entre eux les closeaux, les moulins, les métairies, forment de véritables labyrinthes sans aucun secret pour les gens du pays.

Tous, plus ou moins faux-sauniers, ces bas-manceaux se déplacent au besoin avec une agilité surprenante, sautant par-dessus les haies à l'aide de leurs fertés, sortes de grands bâtons. Ils ont l'air alors de s'envoler, si bien que les soldats de la République les appellent : "ces diables d'oiseaux".

Hilaire, l'époux de Magdeleine, participe à des coups de mains, aux côtés des Chouans. Comme eux, il tient malgré tout à assurer les labours, les semailles, la moisson.

Les femmes, elles, les "têtes blanches" ainsi qu’on les surnomme à cause de leurs coiffes, gardent les foyers. Ne dit-on pas, dans le Maine : "Maison abandonnée, maison pillée" ? Magdeleine se tient donc près de l'âtre. Le feu danse sous la marmite où cuit la soupe du soir. Elle file en attentant son homme.
A suivre...

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