Le Père Yves
Champion est décédé au début de ce mois de Novembre, quelques
jours après la Toussaint ; il a toujours aimé les saints .Il
les a fréquentés. Il a cherché à les connaître et il aimait lire
ce qui avait fait leur vie. Par sa mort, il s’est rapproché d’eux.
La vision de Jean rapportée dans le livre de l’Apocalypse et dont
nous en entendions la lecture le jour de la Toussaint est devenue sa
vision à lui " J’ai vu une Foule immense que nul ne pouvait
dénombrer, une foule de toutes nations, races, peuples et langues.
Ils se tenaient debout devant le trône et devant l’Agneau, en
vêtements blancs, avec des palmes, avec des palmes à la main . "
Cette union à
nos frères les saints est certainement un des messages que nous
laisse notre ami.
Contempler la vie
des hommes et des femmes qui ont suivi fidèlement le Christ a
certainement été pour lui, un stimulant. Par eux il a appris à
connaître les chemins par lesquels, à travers les difficultés de
la vie, il est possible de parvenir à l’union parfaite avec le
Christ, c’est-à-dire à la sainteté. Dans la vie de nos
compagnons d’humanité parfaitement transformés à l’image du
Christ, Dieu lui-même nous parle, il nous donne un signe de son
royaume et nous y attire puissamment, tant est grande la nuée de
témoins qui nous enveloppe et tant la vérité de l’Evangile se
trouve attestée. Je crois qu’il est bon de souligner cette
originalité de la spiritualité de notre ami.
Ce sont peut-être
les saints qui l’ont aidé à trouver son propre chemin dans sa
vocation de chrétien et de prêtre. Quels étaient ses saints
préférés ? Sur ce sujet il ne nous a laissé aucune
indication, ou peut-être Saint Tarcisius, patron des enfants de
chœur. Car le Père Champion n’a laissé dans la mémoire de, ceux
qui l’ont connu l’image de quelqu’un, très attentifs dans ce
domaine. Telle sœur du Carmel qui l’a bien connu quand il était
vicaire à la Paroisse Saint Pierre de Laval vous dira tout de suite
« Il avait toujours autour de lui une flopée d’enfants de
chœur pour lesquels il organisait très souvent des sorties et des
balades » … Pour cette carmélite et pour bien des personnes,
le Père Champion, c’était le champion des enfants de chœur. Il
en avait « énormément ».
Il faudrait
peut-être citer aussi Saint Fiacre, Moine Irlandais, il arriva en
France vers l’an 600, à la recherche d’un ermitage discret. Il
obtint un terrain pour un ermitage, où il passa le reste de sa vie,
se consacrant au jardinage et est devenu le patron des jardiniers.
Yves Champion aimait passer du temps dans son jardin où poussaient
sur une terre bien bêchée des légumes qui suscitaient l’admiration
de ses amis. Il aimait faire cadeau des produits naturels de son
jardin. Ses conserves de haricots étaient bien connues et
appréciées. Bien que ne comportant pas de limite de consommation,
elles ne l’ont jamais rendu malade. Saint Fiacre « écolo »avant
l’heure a peut-être inspiré notre ami.
C’est surtout
dans la liturgie que se réalisait de la façon la plus haute son
union avec l’Eglise du ciel : dans les paroisses où il était
envoyé et où il a mené une vie simple de prêtre de paroisse, très
en lien avec les gens. Avant sa première nomination, l’évêque de
l’époque lui a demandé où il aimerait aller.
Il a répondu «
Partout sauf à Saint Pierre de Laval » ; Et il a été
envoyé à Saint Pierre de Laval. Saint Pierre, le grand saint Pierre
de là-haut a dû être heureux de trouver un disciple si obéissant
à son évêque.
Il considérait
sa paroisse comme sa famille. Le matin, après la messe, il prenait
sa mobylette et allait régulièrement chez les gens. Plutôt
discret, bourru, étourdi, il n’exprimait pas ses sentiments mais
il savait manifester son amitié à ses neveux, aux enfants du caté,
aux enfants de chœur en leur donnant des dragées qu’il recevait à
l’occasion des baptêmes et des mariages. Et s’il considérait sa
paroisse comme sa famille, sa propre famille était aussi pour lui
très importante.
Voici donc tracée
à grands traits la vie très simple d’un curé de paroisse qui a
cherché à vivre de façon simple et concrète ce que Saint Paul
écrivait sur l’amour, un amour qui ne passera pas, lecture que
notre ami avait retenue lui-même pour sa sépulture.
Nous croyons qu’il est maintenant en compagnie des saints qu’il a
fréquentés pendant sa vie sur cette terre ou au moins qu’il a pris
sa place dans la file d’attente et qu’il s’apprête à les
rencontrer. Il a été un bon soldat. On dirait en ce 11 novembre
« un bon poilu » qui a mené la vie simple d’un prêtre
de paroisse. Ce qu’écrivait Saint Paul à son disciple Timothée
pourrait lui convenir « J’ai combattu le bon combat, j’ai
achevé la course, j’ai gardé la foi ; Désormais m’est
réservée la couronne de la justice, que le Seigneur m’accordera
au jour prévu avec tous les saints qui seront rassemblés, les palmes à
la main autour de l’Agneau de Dieu et sonneront de la trompette
pour célébrer la victoire définitive de l’Amour.
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