Il me faut du courage !

Qui peut-il être intéressé par les propos d'une nonagénaire ?
On dit que les vieillards vivent dans leurs souvenirs , c'est un peu vrai, même s'ils sont très  entourés par leur famille .
Je me sens vraiment d'une autre époque .Avec mes amis du bridge, je suis sur la même longueur d'onde, on a la même éducation ...Cela se voit dans les toutes petites choses .Si l'on demande des nouvelles, on n'insiste pas, on ne fait pas le tour du salon, en interrogeant sur les objets exposés etc et même sur les membres de leurs familles .
A part une qui, je crois a deux ans de plus que moi je suis la doyenne ...A ce propos, il est arrivé à celle-ci une aventure .Équipée d'un avertisseur porté autour du cou, elle l'a actionné sans le vouloir, et a été réveillée par un pompier qui avait atteint son septième étage pour venir la secourir ....Tout l'immeuble s'est inquiété ...
  Je suis pilotée par Martine, qui fait les courses et est un vrai cordon bleu , Marie-Laure assure le repas du soir, dès potron-minet, Nicolas prépare mon petit déjeuner ; Je suis sûre de radoter encore . .Ne perdant pas ma manie d'écrire, je me suis inscrite à un concours de nouvelles . J'attends le résultat .
Il y a quelques années, il avait été organisé à la Perrine  une heure de veillée solitaire ,juchée dans une très haute cabane en bois avec interdiction d'avoir  avec soi un sac et même feuille de papier et crayon .A la sortie, on devait écrire ses impressions .Quelques jours après, j'ai  vu un journaliste de Ouest-France pour m’interviewer .Il m'a emmenée ensuite à la Perrine, pour prendre une photo, exigeant que je garde ma canne ;Il est sorti un petit ouvrage sur les veilleurs où je suis sur la couverture .
Rien ne me fait plus plaisir que d'avoir des nouvelles des uns et des autres, mais mon écriture est devenue tellement griffue que j'en ai honte, je préfère mon clavier ...