Les enfants ayant pris leur envol,je me suis intéressée à plusieurs associations .....
Avec "Recherches et sauvegarde des coutumes mayennaises",la récolte a été fructueuse puisque avec toute les objets récoltés,autour de tout ce qui concernait le chanvre, nous avons pu,grâce à la générosité de la mairie d'Ambrières, et évidemment sous la haute surveillance d’une conservatrice dont j'ai oublié tous les titres,Ouvrir le musée des tisserands dans trois anciennes maisons de tisserands restées en l'état .Musée très intéressant à visiter. Notre conservateur Catherine G se faisant un plaisir de recevoir individuellement ou en groupe .
J'ai bien sûr fait des récoltes aux archives départementales. Puis, un jour on m'a demandeé d'aller interviewer d'anciens possesseurs de théâtres ambulants .
Voici l'article qui a paru dans notre revue:
Du théâtre ambulant aux marionnettes ...
C'est avec beaucoup de bonne grâce que Mr et Mme Cavalier me reçoivent,une lueur d'inquiétude dans le regard .
Cependant "on veut bien parler, voyez-vous,mais pas pour être dénigrés ensuite". Je les rassure.
-Êtes-vous mayennais d'origine ?
-Oui,bien sûr,depuis des générations.Regardez cet acte de naissance de 1862 :Cossé-le-Vivien.
-Né dans sa loge ?
-Oui,dans la caravane,il ne faut jamais dire roulotte,on ne l'a jamais dit chez nous .
Chez nous,c'était le théâtre forain.Nous sommes des enfants de la balle.Nos grands-parents étaient les mêmes puisque nous sommes cousins germains.J'ai soixante ans,dit Mr Cavalier,je remonte jusqu'au père de mon grand-père.
Tous les deux,le mari et la femme,évoquent cette longue suite de patriarches régnant sur leurs grandes familles,ne badinant pas avec l’honnêteté,la propreté,la religion.L’honnêteté des itinérants était souvent mise en cause.Les seules personnes qui les "accueillaient"sur la place de la ville ou du village,étaient les gendarmes.Ces derniers devaient vérifier le livre "d'autorisation de s'installer".
-Le lendemain de notre arrivée,nous les enfants nous allions à l'école pour un mois et demi,tant que nous restions au même endroit.Bien sûr,nous étions toujours en retard sur les autres.
-Voici un livre de comptes de l'année 1889 qui a appartenu au grand-père cavalier . Avant 1889,il était acrobate-trapéziste,il s'est cassé les deux bras avant 89 et a dû abandonner.Aussitôt,il a fondé un théâtre,eut 20 enfants,onze ont vécu,trois fils ont été tués en 14.La femme du grand-père était d'origine suisse.Elle vendait des bonbons dans une autre troupe.
-Pendant le mois que la famille passait au même endroit,la troupe offrait quatre séances différentes par semaine et elle avait plus de soixante pièces au répertoire:vaudevilles,mélos,opérettes,ceci pour l'époque des grands parents qui produisaient vingt à vingt cinq personnes sur scène.Au temps des parents,ils n'étaient plus qu'une quinzaine,et huit de notre temps .
-Qui décidait de votre itinéraire ?
-Notre itinéraire était variable.Il dépendait de l'assentiment des maires.Il ne fallait pas,pour les deux dernières générations,nuire au cinéma ni au théâtre amateur .
Les grands parents ont connu dans leur métier le premier choc du cinéma parlant,la dernière génération,celui de la télévision et l'écrasement définitif par les charges. A l'encontre des amateurs,nous étions des gens de métier,inscrits au registre de Commerce,payant des droits d'auteur .
-Vous aviez besoin d'énormément de matériel?
-Nous convooyions avec nous notre théâtre,nos chaises,nos fauteuils,nos gradins .Il fallait compter huit jours pour mener à bien le montage,le transport et le démontage.Mais le mot "théâtre"est impropre. Nous disions la "baraque".
-Une fois sur place,que faisiez-vous?
-Une fois installés,on faisait la "réclame"c’était le tour de ville.Les hommes y allaient par bande de huit,ceci pour que les voix ne se fatiguent pas.Plus tard,on a eu un porte-voix.Tous les jours,chez les grands-parents,c'était la parade en costumes une heure avant le spectacle;surtout quand ils travaillaient au milieu des fêtes foraines,il ne fallait pas la manquer.La troupe jouait les mardi,jeudi,samedi ,le dimanche en matinée et en soirée.
Le spectacle était différent tous les soirs,mardi:comédie,jeudi une opérette,samedi drame-mélo,dimanche en matinée une reprise de ce qui avait le mieux marché,dimanche soir une opérette.
Comédies au répertoire cavalier
dans les annés 1930
Les surprises du divorce
Madame et son filleul
La petite chocolatière
Moi j'te dis qu'elle t'a fait de l'oeil
Opérettes :
Tout Audran
la Mascotte
la Poupée
le Grand Mogol
Drames et mélodrames
Les deux orphelines
Le courrier de Lyon
La dame aux camélias
le maître de forge
Marceau
Napoléon
La grâce de Dieu
Le bossu
A cette époque,il y avait deux théâtres Cavalier en Mayenne,celui du père Baptiste et celui du fils, l'un des deux venant renforcer l'autre .
On peut noter la similitude du répertoire de ces professionnels et de celui des amateurs de troupes de patronage à la même époque,fortement influencés par le répertoire parisien qu'ils contribuaient à répandre,mettant ainsi la France à l'unisson.Des grands noms du spectacle de la capitale venaient parfois "renforcer" le prestige de ces troupes plus ou moins anonymes par la qualité de leur art. En 1922,la"basse Léo" qui était connue dans toute la France,chantait chez les Cavalier et avait épousé une Lavalloise.
-Aviez-vous un accompagnateur ?
-Mais oui, un pianiste qui sortait du Conservatoire et qui accordait lui-même son piano (à suivre)
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